Bellevue: pôle rail-route opérationnel
Bellevue mérite bien son nom! Ce petit col ouvre une magnifique vue plongeante sur La Chaux-de-Fonds quand on y arrive de l'est. Le site ouvre maintenant aussi de nouvelles perspectives: celles d'un développement du ferroutage, mode de transport qui s'inscrit dans les principes du développement durable. L’endroit est en effet «stratégique» pour les transports. C’est le point d’accès majeur de La Chaux-de-Fonds côté nord-est, mais aussi l’endroit le plus proche de la ville où la voie ferrée des CJ – ici au point le plus élevé de leur réseau – côtoie la route principale qui relie la ville au Jura et au Jura bernois. Cette double proximité rend l’endroit optimal pour faire passer des cargaisons du rail à la route et vice-versa. Bellevue peut donc reprendre efficacement une partie du rôle qui était jusqu’ici dévolu à la gare aux marchandises de La Chaux-de-Fonds, laquelle vient d’être désaffectée pour faire place à la construction du nouveau quartier Le Corbusier. Et cela en perturbant bien moins l’environnement et la circulation. C'est pourquoi la Ville de La Chaux-de-Fonds, Vadec et les Chemins de fer du Jura (CJ) se sont associés pour y réaliser une plateforme bimodale ferroviaire-routière: le pôle rail-route Bellevue. Après quelques mois de travaux rondement menés, cette infrastructure, première de la région à être ainsi créée spécifiquement (les autres étant intégrées à des gares existantes), est entrée en fonction début août et a été inaugurée officiellement le 19 septembre.
Un système éprouvé
La fonction première de ce pôle rail-route est en effet d’assurer le transbordement des wagons aux camions, et vice-versa, des conteneurs de déchets en circulation quotidienne entre Vadec et le Jura tant cantonal que bernois. Ce système de ferroutage, qui fonctionne à totale satisfaction depuis 2001 à l’enseigne d’Arc Jurassien Déchets, rationalise l’inévitable transport des déchets sur tous les plans: écologique, énergétique, économique. Il permet, dans un sens, d’acheminer vers Vadec les déchets de tout le secteur nord-est de son périmètre, pour y être incinérés proprement et ainsi fournir une précieuse énergie thermique économisant des milliers de tonnes de combustibles fossiles. L’usine fonctionne en effet comme «chauffage central» d’un bon tiers de la ville. Dans l’autre sens, cette logistique sert à acheminer les déchets résiduels de l’incinération, les mâchefers, à la décharge contrôlée de Celtor à Tavannes, où ils sont entreposés durablement et écologiquement. Par rapport à la situation antérieure, le trajet routier de ces navettes se trouve raccourci et surtout déplacé du centre ville en périphérie. Précisons bien, pour ceux que rebute le mot «déchets», que ceux-ci sont invisibles, inodores et anodins durant ce processus, étant conditionnés en conteneurs étanches.
Les perspectives étendues
Le nouveau pôle rail-route permet donc de conserver tous les avantages de ce concept optimal de transport ferroviaire des déchets régionaux, tout en réduisant encore sa part d’inconvénients. Son importance est encore renforcée par la perspective, envisagée par Vadec, de concentrer à terme dans une usine renouvelée, à La Chaux-de-Fonds, la totalité de l'incinération des déchets actuellement partagée avec son centre de Cottendart, à Colombier. L’aménagement de Bellevue a été prévu pour absorber le volume accru de transbordements qui en découlerait. Il ouvre aussi la possibilité à d’autres entreprises d’y recourir, pour d’autres marchandises. Il profitera enfin, indirectement, au trafic voyageur (même si l'ancienne halte de Bellevue, sous-utilisée, a été désaffectée) en créant une voie de croisement qui améliore la capacité d’exploitation de la ligne.